Toujours un peu énervés d’entendre ces clichés sur les ânes, comme cette jeune femme qui admoneste sa fille d’une dizaine d’années parce qu’elle tend la main pour caresser un âne en pâture dans un pré : « ne t’approche pas, les ânes, c’est bête et méchant… ». Un peu tentés de répliquer : « c’est celui qui le dit qui y est ! », mais mieux vaut expliquer ici que les ânes ne sont ni bêtes ni méchants, à l’inverse de certains humains !
Etudes scientifiques et enquêtes auprès des propriétaires d’ânes l’affirment, l’âne est intelligent. Si l’âne a hérité de ces quolibets peu flatteurs, sans doute le doit-il au contraire à son calme, cette sorte d’humilité qu’il affiche, cherchant rarement à se faire remarquer. Endurant et rustique, il a toujours accompagné l’homme, acceptant les travaux les plus durs.
Desservi par ses longues oreilles dans l’inconscient collectif, jusqu’à devenir le symbole de la bêtise avec le fameux « bonnet d’âne », il est vrai aussi que le braiment de l’âne manque un peu de « musicalité », il peut même être tonitruant ! Ce langage un peu rustre a sans doute ajouté à sa réputation d’animal stupide. Mais qu’on se le dise, il n’en est rien. L’âne ne manque pas de finesse. Il repère très vite, comme le cheval, voire mieux que lui, nos états d’âme et nos arrière-pensées !
Si l’âne est têtu comme on le dit souvent, c’est simplement qu’on ne sait pas lui parler ! L’âne est un animal « affectif » qu’il faut prendre par les sentiments. Un argument qui marche aussi souvent beaucoup mieux avec les enfants d’ailleurs…Il peut sembler têtu aussi parce qu’il refuse de s’aventurer sur un terrain inconnu ou douteux, qu’il prendra le temps d’observer, de flairer, de tester du sabot avant de reprendre sa route ! Ce comportement prudent et réfléchi relève plus de l’intelligence que de la bêtise.
L’âne est un animal sentimental et affectueux qui n’aime pas vivre seul. Il rend toujours l’affection qu’il reçoit. Doux et convivial, il est aussi très rare qu’un âne donne des coups de pieds, ni à ses congénères, ni aux humains qui l’entourent. S’il est conduit à le faire, c’est soit par réflexe de peur parce qu’il est vivement surpris, ou s’il a accumulé nombre de rancune envers un individu qui lui aura fait subir des mauvais traitements. D’ailleurs, contrairement à des chevaux qu’il vaut souvent mieux nourrir séparément pour éviter les bagarres, les ânes peuvent être nourris ensemble. Ils partageront le fourrage ou le grain, les nez en cercle sur la mangeoire.
Un autre trait de caractère devrait nous amener à lui rendre justice. L’âne est très soucieux des personnes qui l’entourent. En balade, il veillera à ne laisser personne à la traine, attendant les retardataires, car il se sent responsable de ceux qui sont partis avec lui. Sa mémoire et son attention lui permettent d’ailleurs de reconnaitre la voiture de son propriétaire. Cette capacité de porter attention aux autres existe aussi quand l’âne vit en troupeau. Les rapports hiérarchiques sont moins marqués que chez le cheval, chacun veille sur les autres membres du troupeau, comme en famille.
Alors, plein de caresses et de gourmandises pour nos amis les ânes !