If

A la mémoire d’un cheval

If des Pressoirs

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Hier, le jour s’est levé derrière la colline,
le soleil a inondé le grand pré en pente,
sans que tes yeux ne s’ouvrent, sans qu’il ne picote ton long cou cuivré,
sans que tes jambes ne se déplient,
sans que tu t’élances, joyeux, vers ton vieux copain jaune
et tes autres compagnons…

L’un d’eux est sûrement venu voir si tu dormais encore…
pourquoi, sous ce beau soleil ?
Oui pourquoi If, pourquoi ne t’es-tu pas levé comme d’habitude ?

Aujourd’hui comme chaque jour, mon ordinateur m’accueille
avec cette superbe photo de toi,
le nez dans l’herbe et ces trois ou quatre fleurs
qui te chatouillent les narines.
Tu te régales et pourtant tes oreilles et ton regard un peu taquin
restent posés sur moi…

L’eau monte encore une fois à mes paupières
et je ne sais pas l’empêcher.
Je ne peux me résoudre à croire que tu ne relèveras pas la tête,
que je ne sentirais plus ton souffle chaud sur mes mains,
que tu ne viendras plus fouiller mes poches…

Depuis tout ce temps où tu es posé là, sur mon écran,
à veiller ainsi du matin au soir sur mon travail,
si tu savais combien de fois mes pensées sont venues
s’enfouir au creux de ta crinière !
Tristesse, lassitude ou fatigue,
tu as tout absorbé dans tes longs crins brûlés
parce que je savais que tu respirais là-bas, dans des hectares de liberté.
Loin, tu étais loin de nous, mais à dévorer le vent,
la rosée du matin et l’herbe à volonté.
C’était un peu comme si tu respirais pour moi !

Maintenant que tes yeux sont fermés pour toujours,
If, j’ai le souffle court, très court…

Depuis quatre ans que tu es entré dans notre vie
tu as toujours été une grosse boule d’amour dans nos cœurs.
Une grosse boule légère et douce…
Mais Dieu qu’aujourd’hui inerte, cette boule est lourde…
sans ce galop léger et fier qui nous a tout de suite fait craquer,
sans ce regard joyeux lorsque tu jouais avec mes jeunes enfants,
sans ta gourmandise espiègle, sans ta chaleur douce…
juste là, sous ta crinière…

Où que tu sois, If, je t’aime… pour toujours !

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