lascaux-chevauxLe 6 mars, les résultats des travaux d’une étude scientifique internationale menée par des archéologues vient d’être publiée. Ces chercheurs ont découvert les plus anciennes preuves de la domestication du cheval (Equus caballus). Cette étude montre que la domestication du cheval existait déjà autour de 3.500 ans avant notre ère, dans la région du Kazakhstan, soit mille ans plus tôt que les datations précédentes. (voir dossier Clic-Cheval : évolution du cheval à travers les âges)

Pouvoir dater la domestication du cheval revêt une importance particulière dans la compréhension économique et sociale des peuples, de l’évolution des modes de vie sur terre. On sait en effet que la domestication du cheval a considérablement accéléré les communications, transports de denrées, ainsi que les règles de la guerre. Mais pas seulement, ces signes de domestication du cheval donnent de précieuses indications sur les sociétés de fin du Néolithique d’Asie centrale. Elle démontre également que les chevaux n’ont pas servi qu’à accélérer les déplacement de l’homme mais aussi à sa nourriture. Pas pour la viande ! Le cheval n’avait pas besoin d’être domestiqué pour être chassé et consommé… mais pour la traite. Or, essayez de traire une jument si celle-ci n’est pas domestiquée !!!

L’analyse faite par ces chercheurs des résidus de graisses trouvés sur des poteries Botai de cette époque, indique que ces lipides présentent des caractéristiques identiques aux graisses trouvées dans le lait du jument. Si aujourd’hui encore les peuples du Kazakhstan consomment le « koumis », c’est-à-dire du lait de jument fermenté, on peut ainsi désormais faire remonter cette pratique à 5.500 ans.

C’est dans la région des steppes, à l’Est de la chaîne de l’Oural, dans une région connue pour avoir abrité d’importantes populations de chevaux sauvages ayant également servi de gibier aux populations humaines, que ces populations ont finit par acquérir une grande connaissance des comportements des chevaux, permettant ainsi leur domestication. Par rapport aux autres animaux comme les bovins ou les ovins, les chevaux avaient l’avantage de s’adapter aux hivers rigoureux, sans avoir besoin d’un apport complémentaire de fourrage. Les chevaux sont capables de trouver seuls leur nourriture.

Grâce à l’analyse des ossements présentant des différences significatives avec les ossements des populations de chevaux sauvages, on s’aperçoit que les peuples du Kazakhstan avait su opérer une sélection parmi les chevaux. Ils savaient en contrôler la reproduction pour faciliter la transmission de certaines caractéristiques physiques.

On trouve aussi sur les ossements des mâchoires les stigmates d’un mors sur les prémolaires antérieures indiquant que les chevaux étaient harnachés, pour la monte et/ou l’attelage.

Si le chien était déjà le compagnon des humains, la domestication du cheval compte parmi les faits marquants de l’histoire d’Homo sapiens. Certains y voient l’une des clés de la supériorité technologique de l’Ancien Monde sur le Nouveau Monde. Une chose est sûre, l’apparition du cheval domestiqué près de l’homme transforma très vite son mode de vie. Grâce aux peintures préhistoriques découvertes dans les grottes françaises, on sait sans aucun doute que le cheval était une source de nourriture pour les chasseurs de l’âge de pierre. Dès 3000 avant JC, les humains pouvaient disposer de sources d’alimentation régulières grâce à la culture de plantes céréalières, et ils commençaient à maîtriser l’élevage des moutons, des bœufs, et des chèvres. Ils pouvaient donc considérer le cheval autrement que comme source de nourriture. Chasser le cheval n’avait pas été si facile, mais le domestiquer, gagner sa confiance a dû l’être encore moins. Un effort qui permit aux peuples d’Eurasie de gagner en mobilité. Les voyages devenaient possibles, sans être limités par la distance qu’un homme pouvait parcourir à pied. Que les humains soient tentés de découvrir des terres inconnus ou obligés de se déplacer à cause de conditions climatiques, ils se mirent à migrer, conquérir, explorer.