Dire que le monde accélère est un euphémisme corrélé au temps que l’on consacre aux voyages, à nos déplacements. Aujourd’hui, le temps d’un trajet Paris-Lille en TGV est de 1H34 et pour se rendre à Bordeaux, c’est 2H06. Les coches de voyage sont les voiture de transport de passagers en usage jusqu’au XIXe siècle, aussi appelé diligences, avant d’être remplacées par le chemin de fer. En 1788, la diligence de Paris à Besançon mettait 4 jours en été et 5 en hiver. A l’époque, la vitesse est au mieux de 7km/heure, et en moyenne de 3km/heure. Cette carte nous montre qu’au XVIIIè siècle, le voyage en diligence pour Lille prenait 4 jours et pouvait aller jusqu’à près de 14 jours pour se rendre à Bordeaux. Sans prise USB pour recharger son smartphone ni wagon restaurant 😉 ! Et pourtant, l’arrivée de la diligence avait déjà considérablement réduit le temps par rapport aux voyages en carrosses : le trajet de Meaux à Brie-Comte-Robert passa de 10 heures en carrosse à 5 heures en diligence !
Au temps du « coche et la mouche »
Dans les années 1760, les diligences sont énormes. Elles peuvent transporter 16 voyageurs. A l’avant 3 places de luxe, puis deux banquettes de 3 places chacune, installées en vis-à-vis. A l’arrière, l’impériale n’a d’impérial que le nom, ce sont les 3 places les moins chères parce qu’elles sont exposées aux intempéries. Comme dans la fable de La Fontaine « le coche et la mouche », le coche était le plus souvent tiré par six chevaux conduits par deux cochers. Il était parfois nécessaire que quelques chevaux, voire des bœufs, viennent prêter leurs forces pour franchir des passages difficiles. Dans les montées difficiles, les passagers descendent pour alléger l’effort des chevaux, quand ils ne doivent pas pousser à l’arrière de la voiture.
La malle-poste accélère les voyages
La malle-poste succède à la diligence. Cette nouvelle voiture hippomobile fait son apparition au début du XIXè siècle, destinée à l’origine au transport de dépêches et du courrier en général. C’est une voiture fermée, à quatre roues, tirée par quatre ou cinq chevaux. Le cocher et un passager occupent la partie avant, le cabriolet. Dans le coupé, partie centrale, s’installent trois voyageurs. A l’arrière, la malle est réservée au courrier.
La malle-poste est plus rapide que les diligences. Victor Hugo, qui a souvent relaté son goût pour les chemins dévoilant la nature et ses paysages, était un habitué des voyages en malle-poste. En 1839, il effectue un voyage Paris-Strasbourg en 36 heures. Vers 1770, il lui aurait fallu 11 jours de coche et 120 heures de diligence en 1810.
Dans « Le Rhin », recueil de lettres fictives publié en 1842, Hugo écrit : « Vers cinq heures du matin, on se croit brisé ; le soleil se lève, on n’y pense plus. Voilà ce que c’est qu’une nuit en malle-poste, et je vous parle ici des nouvelles malles, qui sont d’ailleurs d’excellentes voitures le jour, quand la route est bonne, ce qui est rare en France. Vous pensez bien, cher ami, qu’il me serait difficile de vous donner idée d’un pays parcouru de cette manière ».
Voyage à cheval et paradoxe du temps
Ces dernières décennies consacrent les technologies numériques, et en particulier la fameuse Intelligence Artificielle qui, depuis le cinéma de science-fiction fait fantasmer le monde. Et le voyage ? Qu’en dirait Victor Hugo ? Quelle idée se faire aujourd’hui d’un pays parcouru au rythme accéléré des machines ? D’autant que plus l’heure d’arrivée se rapproche de celle du départ, moins on regarde le défilé des arbres, la couleur des toitures… le regard happé par une autre fenêtre que celle qui fait défiler le paysage, celle de nos écrans…