Les premières utilisations du cheval : attelé ou monté ?
De l’avis des paléologues, les premiers chevaux domestiqués par l’homme l’ont été pour être attelés. Ils n’auraient pas été montés, notamment du fait de leur petite taille qui leur aurait difficilement permis de porter un homme adulte. Ce n’est que dès qu’ils ont grandi (voir l’évolution du cheval à travers les âges), que l’homme a monté le cheval : pas seulement pour être plus efficace à la chasse, mais principalement pour tenter de prendre de l’ascendant sur ses rivaux, pour conquérir des territoires, en clair, pour combattre !
Voir le lourd tribu payé par les chevaux victimes de la guerre
La représentation connue la plus ancienne du premier cavalier a été découverte sur le site de Prinia, en Crête. La Crête fut l’un des berceaux des peuples qui envahirent le Proche-Orient. Le cavalier y est représenté armé d’une sorte de javelot et équipé d’un bouclier.
Cette représentation atteste d’une part que le premier usage que l’homme a fait du cheval monté était guerrier, d’autre part elle pourrait remettre en cause la théorie des paléologues qui pensent que le premier usage du cheval aurait été attelé. A moins de croire, comme certains auteurs que même si le cheval était principalement attelé, l’équitation aurait pu accompagner la charrerie, du moins pour les chefs de guerre !
Quoiqu’il en soit, au fil des invasions, des conquêtes, des mouvements de peuples, les techniques d’utilisation des chevaux se répandent, des Chinois aux Perses, puis aux Egyptiens, aux Grecs, aux Romains…Attelé ou monté, l’utilisation du cheval à des fins militaires devient récurrente comme en témoignent de nombreuses représentations graphiques : peintures, fresques, sculptures.
En plus de nombreuses représentations du cheval découvertes un peu partout dans le monde, on dispose de quatre tablettes, recueillies lors de fouilles, où figure un texte concernant l’entrainement des chevaux au IIe millénaire avant notre ère. Le texte de ces tablettes cunéiformes, écrit dans la langue des Hittites, est attribué à un Mitannien, nommé Kikkuli, grand écuyer à la cour d’Hattusa, capitale d’un des plus puissants royaumes du Proche-Orient. Ce texte comprend environ un millier de lignes décrivant le programme d’entrainement du cheval.
Le grand écuyer rapporte notamment que les chevaux sont soigneusement sélectionnés à partir de galops d’essai. La période d’entrainement commence l’automne pour une durée de 169 jours. Il précise encore que pour débarrasser les chevaux de leur graisse, on les faisait jeûner et transpirer sous des couvertures. Chaque jour les chevaux étaient entrainés selon un programme détaillé, précis, alliant les différentes allures dont l’amble, le trot, le galop. Le grand écuyer précise que les distances de ces entrainements étaient progressivement allongées. Le texte des tablettes apporte aussi des détails sur les bains et douches données aux chevaux. Il précise encore que des anneaux étaient scellés dans le haut des murs des écuries auxquels on attachait les chevaux pour les obliger à tenir la tête haute en permanence.
Avant l’invention du mors, de la selle et des étriers, l’utilisation du cheval monté pour combattre restait problématique. C’est pourquoi, grâce à l’invention de la roue (probablement vers 3500 avant notre ère), les guerriers utilisaient des chars. On voit, sur un panneau d’art sumérien en coquille sur fond de lapis-lazuli datant de 2.500 ans avant JC (exposé au British Museum à Londres), un char avec des roues pleines, tiré par des chevaux. Les guerriers sont armés de javelots et de flèches.
Ce sont les Hittites qui furent les maitres en l’art d’utiliser le char, équipé d’un système de guidage, soit par collier de gorge, soit par joug de garrot. L’équipage est composé d’un guerrier, armé d’un arc et de flèches, et d’un cocher.
Le mors apparut entre la Russie méridionale et l’Europe centrale, dans la première moitié du second millénaire. Son usage se généralisera en Europe aux environs de 800 avant JC. Il s’agit de mors à barrettes équipés de montants destinés à le rendre plus dur. Les rênes sont tendues par des glands très lourds pour permettre au cavalier archer de libérer ses mains. Le poids et le balancement des glands limitent l’extension de l’encolure du cheval, ce qui freine ses allures. Mais dès lors, la charrerie sera peu à peu reléguée aux seuls transports.
Certains peuples, notamment ceux des steppes, comme les Huns sous les ordres du fameux Attila, acquièrent une grande aisance à cheval. Ils arrachèrent ainsi le contrôle des plaines de l’Oural et des montagnes Carpates aux tribus autochtones indo-européennes. L’histoire, ou la légende, raconte que les Huns vivaient sur leurs chevaux, ils y dormaient, y mangeaient. Ils auraient même coutume de mettre un morceau de viande sous leur selle jusqu’au dîner, pour l’attendrir…
Vers la même période, le Grand Mur de Chine fut construit par les dynasties Qin et Han pour se défendre de la redoutable cavalerie de tribus turcophones, connues des Chinois sous le nom de Hiong-nou.